AssurTech, concurrence ou opportunité pour les assureurs traditionnels ?

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Les AssurTech se multiplient en réponse aux attentes des consommateurs, en quête de plus de flexibilité, de réactivité et de transparence. Ainsi, le monde de l’assurance, tout comme celui de la banque avec les FinTech, ou encore celui du droit avec les LegalTech, opère sa transition digitale. On voit désormais sur le marché de nouvelles offres faire concurrence aux acteurs traditionnels. Bien qu’encore minoritaires sur le marché de l’assurance, ces nouvelles entreprises sont rapidement parvenues à se faire une place. C’est notamment le cas du leader du marché, Alan, créé en 2016. Rassemblant plus de 7000 entreprises et des milliers d’indépendants pour leur protection santé, Alan affichait un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros en 2017, 20 millions en 2018 puis 50 millions en 2019.

Présentation de l’accélérateur French Assurtech

Intelligence artificielle, améliorer l’expérience client et fidéliser sa clientèle

Les entreprises et start-ups de l’AssurTech exploitent les nouvelles technologies pour faire bouger les lignes et réinventer les modèles traditionnels de l’assurance. Plus que de proposer un service de substitution, une alternative, elles apportent une valeur ajoutée, répondant à des problématiques précises.

Par exemple, Easyblue s’attaque à la clientèle des assurances professionnelles (1). Créée en 2019, elle propose une assurance 100% digitale basée sur des processus numériques plus fluides et plus rapides. Pour y parvenir, Easyblue fait appel aux technologies de l’intelligence artificielle mais également à une approche résolument tournée vers la simplicité. Ainsi, les clients Easyblue peuvent souscrire en ligne en quelques minutes et bénéficier d’une couverture immédiate et d’une attestation instantanée.

Toujours dans une démarche au service du client, la start-up propose également un coach virtuel d’assurance. Grâce à l’IA, elle peut accompagner les chefs d’entreprises pour mieux cerner leurs besoins et donc protéger au mieux la société.

Autres usages de l’intelligence artificielle, la réalisation d’audits de risques. Lesquels permettent notamment de définir pour chaque client un programme d’assurance sur-mesure. Ou encore la détection de fraude, le développement de solutions prédictives….

Digitale, transparente, flexible et personnalisée, la solution Easyblue a d’ores et déjà séduit plus de 1500 entrepreneurs en 1 an d’existence. En outre, si l’assuré peut se débrouiller seul avec l’interface en ligne, la start-ups propose également la possibilité d’échanger avec un conseiller humain. L’expérience client étant au cœur de la réussite des solutions innovantes.

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Les start-ups de l’AssurTech poussent les assureurs traditionnels à revoir la qualité de service à la hausse.

AssurTech, des initiatives sur toute la chaîne de valeur

Les start-ups de l’AssurTech ne se résument pas à proposer des offres alternatives aux sociétés d’assurances classiques. En réalité, le marché de l’AssurTech couvre toute la chaîne de valeur assurantielle. Distribution, aide à la vente, courtage, analyse de risque, gestion sinistres, fraude, paiement… Aussi, ses clients ne sont pas seulement les assurés mais peuvent aussi bien être les cabinets d’assurance.

Parmi les offres présentes sur le marché, on retrouve les start-ups de l’assurance collaborative. Assurance auto, santé, animaux… Des entreprises comme Otherwise, WeCover ou encore Vitality établissent les offres de couverture en fonction des habitudes de chaque client. Vitality par exemple propose tout un programme pour suivre l’état de santé de ses assurés, les pousser à consommer mieux pour être en bonne santé et donc réduire les coûts de leurs assurances.

On voit également apparaître le concept de l’assurance à la demande. Luko, Lovys, Trov… toutes permettent de souscrire un contrat d’assurance pour un objet sur un temps court. Surprenante sur un marché qui mise habituellement sur la régularité des paiements et cherche à réduire le risque de fraude, cette offre semble toutefois attirer l’attention des investisseurs puisque dès 2016, Trov parvenait à lever 25,5 millions d’euros.

Si les offres les plus connues sont celles qui concernent le client final, de nombreuses initiatives fleurissent également au service des assureurs directement. Shift, par exemple, utilise l’IA pour réduire la fraude à l’assurance et automatiser les réclamations.

Sur Bordeaux, des entreprises se spécialisent également dans le services aux assureurs. La Start-up Shoyo propose une solution de “passeport data”. Le souscripteur renseigne ainsi directement ses données dans Shoyo et peut partager son accès à son assureur pour faciliter les démarches. Autre solution bordelaise, Widmee applique les technologies de l’intelligence artificielle pour optimiser les processus commerciaux des professionnels de l’assurance.

Vers une collaboration entre les AssurTech et les assureurs traditionnels ?

Preuve que l’AssurTech a de beaux jours devant elle, 2019 affichait des chiffres records pour les investissements. Ainsi, les AssurTech mondiales sont les bénéficiaires de 6 milliards d’euros de levées de fonds en 2019. Cela représente l’équivalent des montants levés en 2017 et 2018 cumulés.

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Les AssurTech ont clairement trouvé leur place sur le marché de l’assurance, aux côtés des acteurs traditionnels.

En outre, la structure du marché de l’AssurTech donne tort à une réécriture contemporaine de la querelle des Anciens et des Modernes. Entreprises innovantes et assureurs traditionnels n’entrent pas forcément en concurrence mais peuvent en réalité collaborer. Pour cause, en 2017, moins de 15% des entreprises de l’AssurTech se dédiaient à réinventer le modèle économique de l’assurance (2). A contrario, deux tiers d’entre elles développent des solutions ayant vocation à être proposées aux professionnels de l’assurance.

Dans la même veine, les compagnies d’assurance traditionnelles prennent conscience de l’importance de moderniser les solutions proposées à leurs clients, sans pour autant s’acharner à investir en la matière. Ainsi, en 2017, 43% prévoyaient ou travaillaient déjà avec les AssurTech (3). En revanche, seules un quart avaient investi dans le développement de ces start-ups. En cause notamment, une différence de vision. 

Les acteurs traditionnels estiment que ces collaborations représentent un risque de sécurité informatique important, tandis que les startups soulignent l’importance des différences managériales et culturelles avec ces grands groupes.

PwC

Stratégie de développement et d’acquisition des AssurTech

Traditionnellement, le marché de l’assurance est un marché où les clients restent relativement captifs. On ne change pas d’assurance comme on change d’opérateur téléphonique. Ainsi, ce sont les compagnies d’assurances traditionnelles qui détiennent une extrême majorité du portefeuille clients. Pour acquérir leur clientèle les solutions innovantes misent alors souvent sur l’association avec d’autres entreprises rassemblant déjà des clients. Cette stratégie a déjà fait ses preuves dans de nombreux domaines. A commencer par le partenariat entre Qonto et LegalStart, ou encore Blablacar et Axa.

En assurance traditionnelle, le coût d’acquisition est particulièrement élevé. Dans le même temps, le défi pour les néo-assureurs restent de rencontrer leur clientèle. D’autant que rien qu’en France, le nombre d’acteurs de l’AssurTech continue de croître. On comptait ainsi 47 acteurs en 2017, 106 en 2018 et 169 en 2019. Pour parvenir à se faire une place sur ce marché fortement concurrentiel, les start-ups et les assureurs traditionnels ont donc tout intérêt à s’allier.

C’est notamment le parti pris de l’association French Assurtech. Créée à Niort, capitale de l’assurance, elle rassemble les acteurs majeurs de l’assurance que sont Groupama, Inter Mutuelle Assistance, MAAF, Groupe Covea, Massif, MAIF… Se donnant pour mission de participer à la transition digitale du marché de l’assurance, elle collabore avec les start-ups pour développer, tester et mettre sur le marché de nouvelles solutions.

Elle permet ainsi de mutualiser les atouts des assureurs traditionnels (notoriété, portefeuille client, implantations physiques…), et les savoir-faire des AssurTech (flexibilité, technologie, stratégie…). (2)

Sources

  1. “Une assurance 100% digitale conçue pour les entrepreneurs et indépendants”, Easyblue, communiqué de presse du 11 janvier 2021
  2. L’AssurTech, un phénomène en progression sur les dernières années”, Capgemini, article d’avril 2020
  3. Opportunities await: How InsurTech is reshaping insurance”, PwC, étude de janvier 2017
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