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Déprogrammation chirurgicale, l’effet secondaire indésirable de la crise sanitaire

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Alors que le reconfinement est désormais avéré, le secteur de la santé a connu des jours meilleurs. Les services de santé tels que les hôpitaux tentent de faire face à la seconde vague de la pandémie de Covid-19. Pour réduire l’engorgement des services d’urgence et libérer du personnel soignant pour les malades, de nombreuses opérations chirurgicales sont déprogrammées… Un effet indésirable qui impacte directement les parcours de soins, ainsi que la prévention des cancers notamment.

Déprogrammation chirurgicale, l’effet domino du COVID-19 avec notre santé

La recrudescence de la pandémie de Covid-19 a désormais un impact direct sur la qualité des soins médicaux. En effet, pour concentrer les moyens médicaux, les décisions de déprogrammation d’interventions chirurgicales deviennent la règle. Si ces choix peuvent s’entendre, il n’en est pas moins qu’ils posent souci pour les patients concernés. Leur santé se retrouvant placée au second plan. Dans le même temps, les médecins notent un net ralentissement dans la prévention des cancers. Les individus étant moins enclins à se rendre à l’hôpital pour effectuer les dépistages recommandés.

Dans ce contexte, Le Bloc, premier syndicat des anesthésistes, gynécologues obstétriciens, et chirurgiens de France, et Avenir Spé, syndicat de médecins spécialistes depuis 1975 alertent sur les dangers d’une telle situation (1). L’occasion de rappeler que si le Covid-19 est une urgence à ne pas négliger, elle ne doit pas prendre le pas sur les parcours de soins pour les autres pathologies.

Ainsi, ils appellent les cellules de crise à intégrer les médecins spécialistes des plateaux techniques lourds plutôt que de les écarter. Ils invitent également les services médicaux à se référer au duo anesthésiste-chirurgien. Insistant par là-même sur l’importance d’évaluer intelligemment l’impact d’un report d’une intervention avant de prendre une décision. En complément, Le Bloc et Avenir Spé suggèrent le “maintien de l’activité chirurgicale pour les interventions ne nécessitant pas le recours aux unités de surveillance continue”. Enfin, ils rappellent l’importance de ne pas procéder à l’annulation massive des interventions chirurgicales. Ils recommandent ainsi d’opter pour du cas par cas pour s’adapter à l’afflux de malades.

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Trouver un équilibre dans la gestion des parcours de soin pour éviter les déprogrammations chirurgicales massives et l’impact sur l’économie.

Economie et santé, la conciliation interdite ?

Force est de constater que la santé de notre économie est étroitement liée à la santé des individus qui la font tourner. Un constat somme toutes de bon sens, mais que les politiques sanitaires et budgétaires des décennies passées, à travers le globe, ont quelque peu laissé de côté. La crise sanitaire s’étant donc doublée d’une crise économique sans précédent, les gouvernements cherchent désormais un moyen de rééquilibrer la balance.

Néanmoins, les prévisions de l’INSEE pour le 4ème trimestre 2020 ne sont guère engageantes (2). Aussi, après le rebond d’activité suite au déconfinement de mai, la recrudescence de l’épidémie et les reconfinement déclaré provoqueront à n’en pas douter une nouvelle contraction de l’économie. Les experts espèrent pour l’instant ne pas revivre la situation de mars. Pour cause, le PIB national avait alors chuté de 5,9 % au premier trimestre ; puis de 13,8 % au deuxième. Il repartait enfin avec une hausse estimée de 16 % au troisième trismestre. A nouveau freinées en novembre, les prévisions pour le résultat annuel affichent une baisse de 9 %.

Face à cet état de faits, de nombreux experts s’attachent aujourd’hui à réinventer le paradigme santé-économie. Ainsi, Eloi LAURENT, dans son ouvrage “Et si la santé guidait le monde ?” prend le parti que “l’espérance de vie et la pleine santé doivent désormais devenir nos boussoles communes […] dans un monde où bien-être humain et vitalité des écosystèmes sont irrémédiablement entrelacés”.

Une réflexion intéressante pour revoir les politiques sanitaires et économique, à l’aune de nos erreurs passées. Et pour cause, santé et écologie constituent désormais une protection réelle pour l’économie. C’est aussi l’opportunité de miser sur l’avenir en se constituant une force de travail pérenne, en pleine santé. 

En nous laissant guider par une pleine santé qui donne toute leur place aux écosystèmes qui nous font vivre, on peut trouver le moyen de réorienter nos systèmes économiques pour donner un sens partagé à la transition écologique : une transition aussi bien individuelle que collective, personnelle que relationnelle, biologique comme écologique.

Eloi LAURENT

Sources

  1. Communiqué de presse “Alerte sur les déprogrammations non-médicales !”, Le Bloc et Avenir Spé, 28 octobre 2020 
  2. Insee, Notes de conjoncture du 6 octobre 2020
  3. Eloi Laurent  » Et si la santé guidait le monde ? L’espérance de vie vaut mieux que la croissance « , Éditions LLL, en librairie le 4 novembre
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