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“Prise de parole à distance ou comment crever l’écran”, Interview de Charlie Clarck, co-fondateur de Whistcom

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La prise de parole à distance est un exercice auquel chacun doit se soumettre au cours de sa vie professionnelle. Pourtant, peu peuvent se targuer de maîtriser les codes pour crever l’écran ou passer outre le filtre du téléphone. Aussi, de plus en plus de dirigeants et managers prennent le temps de se former à la prise de parole. En public ou à distance, l’approche diffère pour s’adapter au contexte mais les attentes sont les mêmes. Capter l’attention de son public, faire passer les messages souhaités, créer du lien avec son audience. Avec la crise sanitaire imposant le télétravail, les réunions à distance se multiplient. Ainsi, de plus en plus de managers se sentent coupés de leurs équipes et vivent la démotivation de leurs troupes. Pour mieux comprendre les enjeux d’une bonne prise de parole à distance, BORDEAUX Business s’est entretenu avec Charlie Clarck, cofondateur de Whistcom.

Avant toute chose, quelle est l’activité de Whistcom ?

Whistcom est un cabinet en stratégie orale. Il accompagne les dirigeants, les leaders de demain, les entreprises en technique de communication pour toutes les situations orales. Entretien individuel, appel téléphonique, réunion d’équipe, conférence de presse, visioconférence… Quel que soit le format, chaque prise de parole vise à convaincre. Se pliant à cet exercice, chacun cherche à être vu, entendu, compris. C’est là tout le challenge de la prise de parole, que ce soit à distance en en public.

Pour former ces orateurs, nous proposons chez Whistcom une boîte à outils de la prise de parole et disposons d’un centre d’entraînement aux Invalides. On y trouve un théâtre, un plateau télé, une salle de visioconférence, une salle de réunion… Le tout donc pour s’adapter à chaque situation et contexte d’intervention en public. Nous transmettons alors une méthode simple, structurante et surtout utilisable au quotidien dans l’entreprise. A la sortie, chacun aura découvert et réellement pris conscience que le corps est un outil indispensable dans la prise de parole, autant que les silences… Tout cela répond à d’autres règles que l’écrit. Il faut chercher à être plus embarquant. On enseigne donc comment embarquer les équipes, aussi bien lors de prises de parole en public qu’à distance.

A quel genre de profils, de situations le coaching en prise de parole s’adresse-t-il ?

Pour le coaching en prise de parole, on retrouve deux cas de figures. Soit le demandeur a un événement à préparer. Dans ce cas, on aide sur le fond avec le développement de la stratégie orale ; et sur la forme pour maîtriser la prise de parole. Soit, et c’est souvent cette seconde option, on fait appel à Whistcom pour de la formation continue.

Pour cause, les dirigeants et managers savent souvent faire beaucoup de choses mais ils n’ont jamais vraiment appris à prendre la parole. Concrètement, on fait le constat que dans la culture française, on a un système éducatif qui valorise beaucoup plus l’écrit. L’oral, c’est l’apanage du talent et de l’intuition. Pourtant, les situations les plus importantes pour valoriser son travail, vendre ses idées, embarquer ses équipes, c’est quasiment tout le temps de l’oral. Ils ont donc besoin de maîtriser l’art de la prise de parole en public, y compris à distance.

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Comment se porte l’activité de Whistcom avec le Covid-19 ?

On est assez chanceux, on n’a pas eu de ralentissements au contraire. En réalité, le premier confinement nous a complètement arrêté dans un premier temps. Mais, depuis juin, il y a une forte demande pour mieux dialoguer avec les collaborateurs.

Les formats demandés, en revanche, ont changé. Désormais, on propose deux façons de former à prendre la parole. Soit toujours physiquement aux Invalides, soit via notre parcours à distance “crever l’écran”, spécifique à la visioconférence et la prise de parole à distance.

Aujourd’hui, les équipes doivent davantage échanger à distance, y compris avec nous. Donc sur la forme, on a beaucoup plus de formation Zoom et Teams. Sur le fond, on note également un changement important. Avant les dirigeants voulaient convaincre, maintenant ils veulent dialoguer. On a tendance à dire qu’on passe du “mieux dire” au “mieux échanger”.

En somme, c’est tout à fait logique. Les entreprises ont désormais affaire à des collaborateurs éclatés, qui perdent le contact les uns avec les autres. Dans ce contexte, les responsables ont besoin de créer du liant. Cela passe par des managers motivants.

Des demandes spécifiques en cette période où on a davantage besoin de prise de parole à distance ?

Chez Wistcom, on note une très nette augmentation de la demande de notre parcours de formation “Crever l’écran”. Il s’agit de notre parcours 100 % à distance. Il convient à tout type de collaborateurs. Toutefois, en ce moment, la demande vient moins des dirigeants et plus des managers. Lesquels cherchent surtout à apprendre à animer des équipes à distance. On a aussi des demandes pour former les commerciaux, qui doivent désormais vendre leurs produits à distance. Cette formation à la prise de parole à distance permet même en visioconférence de recréer une forme d’humanité dans l’échange.

Outre les règles classiques de la prise de parole en public, on apporte en plus des outils pour réchauffer la conversation. On transmet les astuces sur comment utiliser le coprs, les gestes, les regards. Comment structurer les mots pour de la visioconférence plus particulièrement. C’est une offre très spécifique liée à la situation qu’on vit en ce moment. Elle est également valable pour les événements à distance et événements virtuels.

D’ailleurs, on le voit bien en regardant la courbe de notre activité. En septembre, on a noté un petit coup de mou car les gens s’attendaient à revenir à la vie d’avant. Puis c’est reparti devant le constat que la situation ne changerait pas tout de suite. On a à nouveau eu cet effet en janvier où faute de décision, les dirigeants et managers sont restés dans l’expectative. Puis, depuis quelques semaines, on assiste à une recrudescence de ces parcours car tout le monde prend conscience qu’on va continuer au moins un an encore comme ça.

En quoi prendre la parole à distance est différent de la prendre lors d’un événement ou d’une réunion physique ?

Les deux types de prise de parole n’ont pas grand chose de différent. En réalité, ce qui est différent, c’est que vous avez une caméra. Sinon, la boîte à outil est sensiblement la même. Mais l’utilisation va en être différente pour s’adapter à la caméra.

Concrètement, on part du postulat de base qu’on ne parle pas pour soi mais qu’on parle pour la personne qui est en face. La question centrale est simple : qu’est-ce qu’entend la personne en face ? qu’est-ce qu’elle retient ? C’est aussi vrai en visio. Sauf que dans ce cas, on a un nouveau vecteur : la caméra, l’écran. Par conséquent, on doit ajouter la question : quelle relation dois-je avoir avec la caméra et l’écran ? Dans les faits, cela implique de vrais changements.

En visio, votre interlocuteur n’est plus la personne, c’est la caméra. Sauf que, la plupart du temps, les collaborateurs l’éteignent. On ne sait pas gérer cette relation à la caméra. Notre propre image nous est souvent inconfortable, elle nous dérange.

Quelles astuces pouvez-vous nous partager pour faire une bonne prise de parole à distance ?

Dans une prise de parole à distance comme en public, on doit toujours maîtriser son image. Mais dans le cadre de la prise de parole à distance, c’est toujours plus délicat. Il faut gérer sa position par rapport à la caméra, maîtriser les lumières, le son…

Une fois l’image maîtrisée, il faut maîtriser le son : la voix, le rythme, le volume… Et toujours garder en tête que les silences sont importants. C’est d’ailleurs la règle de base que Whistcom. En fait, on est avant tout une agence pour apprendre à se taire. En visio, remettre du silence, c’est aussi remettre du confort dans la conversation. C’est passer au-dessus des problèmes techniques. C’est prendre le temps de parler, d’échanger, de comprendre.

Forcément, la visioconférence à ses inconvénients. C’est un format plus volatil, moins engageant. Ainsi, on ne sait en fait jamais vraiment ce que fait son interlocuteur pendant qu’on lui parle. C’est pourquoi on doit maîtriser les mots, l’histoire qu’on raconte. On modifie la forme de l’histoire pour la rendre accrocheuse en visioconférence. Souvent, cela implique de partir sur un format plus court, des phrases plus parlées, un style plus direct.

Le constat qu’on fait, c’est que quand les dirigeants s’expriment, c’est souvent indirect. Ils parlent aux collaborateurs mais ils parlent des collaborateurs à la troisième personne. Ce choix crée d’office de la distance.

Concrètement, pour une prise de parole à distance, comme en public, il convient de respecter les 3 V de la prise de parole : visuel, vocal, verbal. Être bon en visio, c’est aligner ces trois dimensions mais en s’adaptant à des outils différents.

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