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La LGV Bordeaux-Paris, du fantasme aux réalités

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Près d’un an s’est écoulé depuis la grande déferlante parisienne promise par l’ouverture de la LGV Paris-Bordeaux. Les investissements conséquents doivent permettre un trajet un peu plus court. L’objectif est de permettre une circulation fluide et intense entre les deux villes. Cette ligne de train décloisonnera Bordeaux. La ville s’ouvrira alors un peu plus sur le monde. Et surtout, elle aura vocation à impulser l’économie bordelaise par une attractivité renforcée.

Au-delà de l’effervescence d’une telle mise en oeuvre, la dynamique positive s’est-elle d’ores et déjà réalisée dans les faits ? L’esprit entrepreneurial supposé de la capitale, mû par des transports facilités, met-il désormais en place une dynamique réciproque, ou bien un mouvement pendulaire peu probant ?

Certes, les installations se multiplient, les annonces de transfert de siège, de nouvelles ouvertures de postes… La mise en lumière médiatique pose cependant aujourd’hui les germes d’une lente transformation économique et sociale dont on ne mesure pas encore tous les effets à venir.

Une révolution des infrastructures et des mentalités

La mise en place de la LGV n’est pas la première pierre d’un mouvement entrepreneurial assez récent de la Capitale vers Bordeaux. De nombreux entrepreneurs ont, il y a quelques années fait le choix de s’installer au cœur de l’économie bordelaise. Cette dynamique se déroulait alors même que l’attractivité économique ne sautait pas aux yeux.

Ainsi Tiana CASTELNAU, facilitatrice graphique, a, dès 2013, quitté un grand groupe parisien, où elle travaillait en tant que Responsable de studio graphique. Elle décide de lancer son activité, popularisant le “Mind Mapping”. Il s’agit d’une méthode anglo-saxonne qui s’inspire de Tony BUZAN. Elle vise notamment à mettre en images et en synthèse le fruit de longues réunions corporate…

Après plusieurs années, elle semble désormais s’être fait une place au sein de l‘écosystème bordelais. Cependant, elle reconnait que Bordeaux est un marché relativement complexe. Il est en plein essor et il faut du temps pour être identifié.

Un constat que fait également Mathieu BACQUIN. Il s’agit du fondateur de SELF&INNOV. Un entreprise dont l’ambition de démocratiser l’accès au financement de l’innovation pour les PME et surtout, au conseil en innovation. Cela est rendu possible grâce à un outil développé sur-mesure, après une longue expérience au sein d’un Cabinet parisien.

Faire naître les idées à Bordeaux

Si Paris porte sur elle le souffle de l’innovation, les entrepreneurs parisiens, choisissent souvent de faire germer leurs idées au sein de Bordeaux.

L’envie d’entreprendre est quelque chose que j’ai en moi depuis longtemps mais c’est une aventure qui demande beaucoup de compétences. Donc j’ai commencé par faire l’éponge pour acquérir des compétences et me lancer.

La mise en oeuvre de la LGV semble ainsi concrétiser un mouvement engagé il y a quelques années pour les entrepreneurs français. Ces derniers choisissent de “s’attaquer au marché” bordelais”. Même si le marché est difficile d’accès, ils se lancent à Bordeaux. Ils préfèrent la croissance et les enjeux bordelais plutôt que de connaître une croissance certainement plus rapide, mais anonyme, au sein de la capitale.

Un changement de mentalité qui explique en partie le “boum” attendu de ce déploiement d’infrastructures. Ainsi, dans un communiqué de janvier 2018, LISEA, filiale du Groupe VINCI et concessionnaire du tronçon Tours-Bordeaux, estime que la LGV SEA représente désormais “l’épine dorsale” de la Nouvelle-Aquitaine. Elle estime sur les six premiers mois de sa mise en service, près de 3 millions de voyageurs, et 80 TGV par jour.

« Le succès commercial et technique de la ligne sur les six premiers mois d’exploitation est une grande fierté pour l’ensemble des équipes. Notre ambition : […] être un acteur innovant qui contribue à la modernisation du système ferroviaire français. » Hervé le Caignec, Président de LISEA

De quoi rassurer le Groupe au regard des 7,8 milliards d’euros de financement mis en oeuvre pour sa réalisation.

Renaud LAGRAVE, Vice Président Nouvelle-Aquitaine, vision de la LGV à Bordeaux

Ne pas hésiter à se faire accompagner

Depuis janvier 2015, Renaud LAGRAVE occupe le poste de Vice Président de la Région Nouvelle Aquitaine, en charge des infrastructures, des transports et des mobilités. En outre, il a été Vice Président en charge du Tourisme de 2010 à 2015 et Président du GIP littoral Aquitain. Il est également Président du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne. Son statut lui donne une vision complète du territoire et de ses attraits.

La mobilité au cœur de la Grande Région

Sa principale mission consiste à superviser l’ensemble des dossiers régionaux relatifs aux aux infrastructures et aux mobilité. Il agit notamment autour des thématiques ferroviaires, des transports interurbains, ou encore des transports portuaires et aéroportuaires. Par exemple il est intervenu sur des dossiers tel que le Port de Bayonne, l’Aéroport de Limoges… Il coordonne également quatre élus sur des missions précises, tel J. HEMON, en charge des dossiers liés au TER, W. JACQUIALLARD, pour les gares, C. CHATUS concernant les transports routiers et M.BERGE pour les ports et aéroports. D’autres équipes innervent l’ensemble du territoire régional.

Depuis quelques mois, on voit des problématiques apparaître. On remarque notamment une problématique liées au transfert des transports interurbains. Dans le même temps, le renouvellement des conventions avec la SNCF pour la gestion des TER pose question. Enfin, le règlement des interventions des aéroport dans la Région ouvre aussi le débat.

Pour Renaud LAGRAVE, au vu de ses constatations, il y a réellement un dynamisme économique dû à la mise en oeuvre de la LGV. Il se prouve ne serait-ce qu’au regard des commandes sur la SNCF durant les travaux. Sur ces derniers mois, il constate une hausse de 75% de la fréquentation de la Gare Saint-Jean. En outre, de nombreux sièges sociaux sont en cours de réflexion en vu d’un déménagement prochain sur Bordeaux.

Initialement cependant, les objectifs liés à la LGV n’étaient pas centrés sur l’économie bordelaise. Ils ne concernaient pas non plus vraiment l’ouverture de la Région Nouvelle Aquitaine. Ainsi les dynamiques étaient  à une échelle plus large. L’idée était d’avoir un axe européen passant par la Nouvelle-Aquitaine, en écho à l’axe Francfort-Madrid. Bordeaux faisait quelque peu figure d’oublié du chemin de fer. Aujourd’hui, c’est un train du quotidien pour les voyageurs qui travaillent, notamment sur les axes Bordeaux – Poitiers, Bordeaux – Angoulême, Bordeaux – Paris.

Au regard de la concurrence des autres moyens de transports, la LGV a pu induire une chute vertigineuse sur l’axe Paris – Orly (-70%). Cependant au niveau européen ou international, Bordeaux est un aéroport qui se porte bien. Au regard du fret, un grand nombre de lignes a été fermé, notamment Agen, Auch, Mont de Marsan, Tarbes…

Des investissements au service du ferroviaire

Depuis la reprise du fonctionnement des trains en gestion de la Région en 2002, plus de 12 millions ont été investis sur le réseau par la SNCF. D’un autre coté, 14 millions d’euros sont investis par la Nouvelle-Aquitaine pour les lignes de fret – quand bien même cet investissement ne relève pas de sa compétence.

Aujourd’hui, Renaud LAGRAVE estime qu’il faudrait un milliard 200 millions afin de rénover totalement le réseau ferroviaire de la Nouvelle-Aquitaine. Dans un premier temps, pour la période 2015 – 2020, 450 millions de travaux sont prévus sur l’ensemble du réseau ferroviaire. Ces investissements sont possibles grâce à un contrat de plan interrégional entre l’Etat, la Région et la SNCF.

Il s’inquiète néanmoins de l’impact sur le transport ferroviaire  de la future loi mobilité. Elle prévoit un projet d’autoroute ferroviaire entre la Belgique et le Pays Basque. Quand on sait que au regard du trafic actuel de l’A63, on peut constater le même niveau de particules fines qu’en Région Ile-de-de-France. Le fret étant au point mort, faute d’un réseau robuste et efficace, peu de changements sont attendus. D’autant que des investissements supplémentaires de la part de l’Etat semble improbable, quand on sait que la dette de 35 milliards de la SNCF a été reprise. Il est délicat de se projeter, à moyen terme, sur un réseau fiable et complet.

Un an après, selon Renaud LAGRAVE, l’impact de la LGV permet de se projeter sur le projet axe de développement : l’Espagne. Un projet ministériel devrait par ailleurs être annoncé à la rentrée sur le sujet. De leur côté, les Espagnols ont débuté les travaux.

La thématique des transports met en exergue une “nécessaire transversalité”, et une “stratégie commune”, comme le relève R. LAGRAVE. Les objectifs sont désormais, sur un maillage plus précis, “d’adapter l’offre de transport aux besoins de mobilité », de « développer les services pour faciliter et optimiser la mobilité », de « mailler le territoire par un réseau d’infrastructures renouvelé, développé et performant », de « consolider une vision stratégique et adapter la gouvernance » et enfin de «diffuser les mobilités de demain pour réussir la transition écologique ».

Cette vision s’inscrit enfin dans une mutation économique et sociale dont les effets sont encore à découvrir. En filigrane pour Bordeaux Métropole il y a les ambitions d’Objectif 2050. Près de 50 000 logements d’ores et déjà construits, une LGV qui draine une partie de la population professionnelle et contribue à l’installation de sièges sociaux, tel Thalès, et, corrélativement, une réflexion globale amorcée sur les infrastructures routières, et notamment de fret, qui subissent quelque peu cette déferlante, à l’horizon d’un Grand Bordeaux de deux millions d’habitants, un changement d’échelle porteur d’autant d’espoir que de craintes pour le bien-vivre à la bordelaise.

Marie-Pascale BALLET, OMUM, est originaire de Paris. Diplômée d’un Master de Sciences de la Vie à l’Institut National Agronomique Paris-Grignon,  particulièrement sensibilisée aux voyages, elle a quitté la capitale en 2010, débutant ainsi son voyage entrepreneurial en s’installant à Bordeaux.Afin de s’implanter dans le secteur de la cosmétique bordelaise, elle a choisi de rejoindre le Réseau Entreprendre, dont elle est sortie Lauréate en 2012, ce qui lui a permis de bénéficier d’un accompagnement sur-mesure. Le Réseau Entreprendre permet à des entreprises d’être accompagnées par d’autres entrepreneurs, qui vont leur transmettre les clés pour réussir tout en partageant leur passion pour l’entrepreneuriat, puis ces entreprises, lauréates, vont à leur tour encadrer d’autres équipes. Grâce à cette expérience, Marie-Pascale a reçu tous les conseils pour prendre son envol et se lancer dans des conditions optimales sur le marché national.Ces entrepreneurs parisiens qui s’installent à Bordeaux – L’exemple de Marie-Pascale BALLET, OMUM.

Une dynamique de territoire, un challenge économique

Gwendoline CAZENAVE, SNCF, entre communication et encadrement

Gwendoline CAZENAVE occupe depuis deux ans, au sein de la SNCF, la fonction de Directrice TGV Atlantique. Une prise de poste faite quelques mois avant la mise en services des lignes. Elle a pour responsabilité les deux lignes Bordeaux et Bretagne. D’une formation financière, ayant occupé de nombreux postes à des fonctions business et managériales, son objectif est ambitieux. Il consiste à réaliser la mise en oeuvre de deux cents TGV par jour, de Paris à l’ensemble des destinations de la façade atlantique, de Saint-Malo à Toulouse, en passant par Brest, La Baule, Pau…

Ce sont 5000 collaborateurs qui sont aujourd’hui en charge de ce bon fonctionnement. Ils sont dans tous les métiers de la gare, du train, de la maintenance, avec en outre un conséquent travail en amont sur  la construction du service : horaires, tarifs, fréquences…

Des missions, un objectif

Pour Gwendoline CAZENAVE, sa mission est plurale. Elle doit encadrer et veiller au bon fonctionnement avec une bonne communication avec le réseau commercial et les relations institutionnelles. L’objectif est que chacun mesure les enjeux et soit conscient du rôle à jouer. Elle travaille ainsi en étroite collaboration avec les Directeurs opérationnels du Sud-Ouest, de la Bretagne, du Pays de la Loire, ou encore de Paris, notamment avec la Direction commercial marketing.

Pour Gwendoline CAZENAVE, l’objectif est d’augmenter la mobilité entre les grandes métropole. De plus, il convient notamment d’aller chercher un marché qui ne voyage pas ou qui voyage en voiture. Ce mode de transport est actuellement le moyen de transport le plus concurrentiel du point de vue de la SNCF. Aujourd’hui, le train n’est pas encore un réflexe immédiat.

Quels sont aujourd’hui les objectifs annoncés liés à la LGV ? Pour les clients, il s’agit de de voyager plus vite (2h entre Paris et Bordeaux), de voyager plus (avec 33 allers-retours par jour), de voyager plus nombreux (avec une rame spéciale à deux niveaux, pour plus de 35 000 places par jour).

Au regard de la politique de prix, un Bordeaux – Paris en Ouigo permet d’obtenir une offre très accessible. Si plus de 40 millions de voyageurs circulent sur la façade atlantique, le plus important trafic concerne l’axe Paris-Bordeaux. IL se fait dans les deux sens. Il représente 5 millions de clients, 50% de plus qu’auparavant.

Avec la LGV, parmi les principaux axes de développement encore en oeuvre, Gwendoline CAZENAVE se donne pour ambition de poursuivre la croissance.

L’attention est également portée à l’augmentations de la satisfaction client (rapport qualité prix, confort train, services à bord…). Désormais, avec la politique produit développée sur le train, la SNCF a réussi à capter des parts de marché à l’ensemble des modes de transports. Et cela malgré la multiplication des concurrents (bus, covoiturage…), en forte expansion.

Depuis juillet 2017, la Ligne Grande Vitesse entre Bordeaux et Paris a permis de rapprocher la métropole néo-aquitaine de la capitale du pays. En 2h04, il est possible de réaliser ce trajet à des prix plus que compétitifs. Ces prix n’ont pas manqué d’attirer beaucoup plus de voyageurs. C’est dans cet objectif que la gare de Bordeaux a débuté sa transformation. Elle devra accueillir un plus grand nombre de voyageurs tout en garantissant leur confort.

Quels sont aujourd’hui les objectifs annoncés liés à la LGV ? Pour les clients, il s’agit de de voyager plus vite (2h entre Paris et Bordeaux), de voyager plus (avec 33 allers-retours par jour), de voyager plus nombreux (avec une rame spéciale à deux niveaux, pour plus de 35 000 places par jour).

Au regard de la politique de prix, un Bordeaux – Paris en Ouigo permet d’obtenir une offre très accessible. Si plus de 40 millions de voyageurs circulent sur la façade atlantique, le plus important trafic concerne l’axe Paris-Bordeaux, et ce, dans les deux sens, soit 5 millions de clients, 50% de plus qu’auparavant.

Au regard de la typologie de la clientèle, la LGV draine deux fois plus de voyageurs d’affaires. Le nombre d’abonnement “Jeune” a également été multiplié par deux. L’axe Bordeaux-Paris est désormais la troisième ligne la plus fréquentée en France. Corrélativement, le taux de satisfaction client a augmenté de 7 points après le lancement, s’accompagnant de nouvelles fréquences, de nouveaux horaires, d’un confort plus important des nouvelles rames intégrant le wifi à bord, notamment.

En complément, la nouvelle offre de produits de Ouigo à l’offre Pros permet de répondre aux besoins et aux attentes de chaque catégories de voyageurs.

Cette nouvelle offre est désormais bien en phase avec leurs objectifs de satisfaction client. Testée tout d’abord sur l’axe Bordeaux-Paris, elle a permis de gonfler le taux d’occupation des trains à 100%. En parallèle, cette offre rend la Grande Vitesse accessible au plus grand nombre, avec une augmentation sensible de la clientèle Loisirs.

En outre, l’offre TGV Pro s’accompagne désormais de Salons Grands Voyageurs à Montparnasse et Bordeaux. Ils sont entièrement redécorés, avec une attention portée aux “petits plus” : café et journaux offerts sur place. Cela afin de rendre les déplacements professionnels plus agréables et d’utiliser ce temps à bon escient.

Parmi les nouvelles offres en test début juin 2018, “l’aller-retour malin”, lequel permet, y compris à la dernière minute, d’obtenir des prix intéressants pour de courts séjours, comme le temps d’un week-end.

Pour Gwendoline CAZENAVE, l’objectif est d’augmenter la mobilité entre les grandes métropoles, et notamment d’aller chercher un marché soit qui ne voyage pas, soit qui voyage en voiture, actuellement le moyen de transport le plus concurrentiel du point de vue de la SNCF. Aujourd’hui, le train n’est pas encore un réflexe immédiat.

Avec la LGV, parmi les principaux axes de développement encore en oeuvre, Gwendoline CAZENAVE se donne pour ambition de poursuivre la croissance, toujours sur une tendance de croissance extrêmement forte du trafic.

L’attention est également portée à l’augmentations de la satisfaction client (rapport qualité prix, confort train, services à bord…). Désormais, avec la politique produit développée sur le train, la SNCF a réussi à capter des parts de marché à l’ensemble des modes de transports, et ce, malgré la multiplication des concurrents (bus, covoiturage…), en forte expansion.

En outre, le développement des activités business suit la facilité de mobilité. Il faut dire que Bordeaux a un vrai projet d’urbanisation : transports, verdure, moins de véhicules… L’impact de la LGV se fait donc d’ores et déjà ressentir. Elle s’intègre dans un vrai projet de la Métropole, un sujet global et collectif d’un territoire.

Bernard UTHURRY, Vice Président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine

Bernard Uthurry est l’actuel Vice-Président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge du développement économique et de l’économie numérique. Ancien joueur de rugby, Bernard UTHURRY a aussi été de 2008  à 2014 le Maire d’Oloron-Sainte-Marie. Il est également depuis 2015 en charge au sein de la Région Nouvelle-Aquitaine du développement économique. De plus, il est en charge de l’économie numérique, en qualité de Vice-Président, aux côté d’Alain ROUSSET.

Il coordonne notamment une équipe dédiée, avec Philippe NAUCHE, en charge de l’Intelligence économique, Anne Laure BEDU pour l’Innovation, Mathieu HAZOUARD, en charge de l’Aménagement du territoire et du déploiement de la fibre sur le territoire ainsi que de la transformation numérique des entreprises, Jonathan MUNOZ, pour l’Export et l’Internationalisation des entreprises, et Francis WILSIUS, en charge de l’Accompagnement des entreprises en difficulté, de la performance industrielle et de l’accélération des entreprises (PME et ETI), notamment au regard de l’initiative Usine du Futur.

Rapprocher les villes, briser les distances

Selon Bernard UTHURRY, la LGV a énormément rapproché Bordeaux de Paris. Mais elle l’a aussi rapproché des autres villes, comme Pau, Bayonne, qui bénéficient de cette impulsion. L’objectif en effet est d’équilibrer le Territoire. Il ne faut pas que ça ne soit pas que Bordeaux, de part sa position centrale, qui bénéficie de toute l’impulsion économique. IL faut qu’elle ait également un impact positif sur l’ensemble des villes de la Région Nouvelle-Aquitaine. L’objectif est de maintenir et de faire croître le développement économique de l’ensemble du territoire.

En outre, l’essor de la LGV s’intègre au sein d’enjeux environnementaux. En effet, il faut savoir que l’axe Bayonne/Bordeaux produit trois fois plus de gaz à effet de serre que la moyenne européenne. Le poids de la circulation voitures et camions pèsent pour 47% des émissions de gaz à effet de serre sur l’axe Bordeaux Bayonne (contre 23% à l’échelle européenne). Le train a notamment vocation à diminuer ce taux, en se substituant à la voiture.

L’impact de l’émission de gaz à effet de serre contribue aux évolutions climatiques. De plus, il impacte la culture de la vigne ainsi que la culture du maïs. Selon de récentes études, à l’horizon 2030 – 2050, la Région pourrait connaître des températures avoisinant celles du Sud de l’Espagne. En réaction, certains agriculteurs et vignerons réfléchissent à se déplacer plus vers le nord.

A ce jour, la construction de voies dédiées pour le fret n’est pas envisagée. La SNCF a dû écarter le projet pour des raisons de coût. Une discussion est en cours avec le Pays Basque pour envisager une voie dédiée. L’idée est de mettre en place une véritable “eurorégion” entre le Pays Basque français et espagnol. En effet, entre la France et l’Espagne, le fret ne représente que 3% du trafic. Entre la France et l’Italie, il se situe aux alentours de 25%.

Pour Bernard UTHURRY, la LGV s’inscrit dans une dynamique globale. Elle est du point de vue de tous les acteurs avec lesquels il s’entretient régulièrement : Invest  In Bordeaux, Bordeaux Euratlantique, Bègles, Floirac, Thalès… Si Paris conserve son magnétisme, la dynamique est réelle. La trentaine d’entreprises accompagnées au Salon de VivaTech le prouve.

Au-delà de la LGV, la Région s’attache à soutenir la formation et la recherch. Ces deux activités sont toutes deux génératrices d’emploi, dans une démarche globale d’investissement au coeur de l’innovation. L’ADI notamment travaille en étroite collaboration avec la Chambre de commerce internationale.

L’objectif est de développer les ETI (250 à 5000 salariés) à l’international, pour, par ricochet, développer l’économie locale. La Nouvelle-Aquitaine est une région très diversifiée sur le plan économique : mer, agriculture, tourisme, industries… Deux portes d’entrée sont ainsi envisageables : l’accompagnement des entreprises à la performance, ainsi que le développement économique pour l’emploi local.

Avec la LGV, ces objectifs trouvent un écho car le Sud-Ouest de la France était la dernière région à ne pas avoir accès à une LGV. Une ligne qui devrait se déployer vers l’Espagne, le Portugal, pour se rapprocher in fine des côtes africaines. Ainsi, les perspectives de développement du territoire peuvent se révéler au travers de la capacité de la région à fédérer un club des ETI. Elles sont une quarantaine à ce jour, lesquels ont vocation à s’autonomiser pour la R&D, tout en s’appuyant sur un réseau de sous-traitants locaux, avec un impact conséquent.

A ce jour, le dispositif Usine du Futur regroupe plus de quatre cent entreprises adhérentes. L’ambition est que deux cent entreprises supplémentaires rejoignent le projet d’ici 2020. A partir de dix salariés, une entreprise peut candidater. Elle doit disposer d’un projet innovant à soutenir, dans le but de pouvoir, notamment, accueillir des préconisations technologiques.

Au-delà de cette impulsion conjointe, la LGV impacte directement l’expansion touristique bordelaise.

L’essor fulgurant du tourisme bordelais, un effet attendu de la LGV

Les chiffres 2017 le prouvent. La Nouvelle-Aquitaine est désormais la première destination des touristes français. On compte 25 millions de Français accueillis l’année dernière sur notre territoire. Cela représente 12,1% de parts de marché en matière de nuitées, principalement en camping, sur le littoral comme en milieu rural, et ce, devant donc, l’Occitanie ou encore la Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Au mois de mai 2018, notamment, concernant l’hôtellerie, la clientèle est principalement française, à 75,5%. En suivant les touristes viennent de l’Espagne (5,2), l’Allemagne (4,3%), du Royaume-Uni (3.6%) et des Etats-Unis (2,6%).

La clientèle se répartit en outre de manière quasi égalitaire entre la clientèle d’affaires et la clientèle de tourisme.

Le  Comité Régional du Tourisme de Nouvelle-Aquitaine est une association de droit privé, loi 1901. Le cadre juridique a été défini principalement en 1985, et ajusté avec la loi NOTRe.

« La Nouvelle-Aquitaine est pour la première fois de son histoire la première destination de vacances des touristes français. Nous le devons notamment aux actions de promotion que le CRT NA mène avec ses partenaires. Notre objectif désormais est de monter sur le podium des destinations régionales les plus prisées par les touristes internationaux

Régine MARCHAND, Michel DURRIEU, Comité Régional du Tourisme de Nouvelle-Aquitaine

Régine MARCHAND est la Présidente du Comité Régional du Tourisme de Nouvelle-Aquitaine. Elle a tout d’abord exercé dans le privé. Elle était technicienne électronique chez CIRMA, une filiale de CEGELEC spécialisée en câbles filaires embarqués, sous-traitant d’EADS. Secrétaire générale du Syndicat de la Métallurgie en Gironde, elle a également été conseillère prud’homale pendant plus de vingt ans. Elle a passé toute sa carrière à défendre les salariés. Installée dans les années 80 sur Mérignac, Régine MARCHAND rejoint l’équipe municipale en qualité d’adjointe au maire, depuis 1985. Conseillère régionale depuis 2004 au sein de l’équipe d’Alain ROUSSET, Elle est Présidente du CRT Aquitaine depuis 2010. Elle est devenu Présidente de la fusion des trois CRT du nouveau territoire de la Région Nouvelle-Aquitaine, en 2016.

Tourisme et LGV, une promotion pour la région Nouvelle-Aquitaine

Il s’agit principalement d’une mission, entièrement bénévole, d’observation et de promotion du territoire, sur l’ensemble des marchés, notamment à l’international, avec une délégation partielle de la Région, comme la définition du Schéma régional du tourisme. Le financement du CRT est assuré principalement par des subventions régionales, ainsi que des missions déléguées et des financements privés.

Le CRT Nouvelle-Aquitaine est ainsi un formidable outil de compréhension du marché touristique. Il possède une vision de terrain notamment de l’impact qu’a pu avoir la LGV sur l’impulsion touristique de la région.

D’après Michel DURRIEU, Directeur général du CRT, l’impact de la LGV est notamment une mise en avant de la Région. Cela favorise certes les flux touristiques, mais également l’investissement étranger dans le tourisme français, relativement peu présent, qui commence depuis peu à financer les infrastructures touristiques de manière pérenne.

Michel DURRIEU possède en effet une vision à la fois macro et international de l’impulsion économique, et notamment sur le plan touristique, du territoire. Après dix ans passés au sein de Nouvelles Frontières à développer notamment l’Espace et le marketing online, onze ans au sein de Carson Travel, il a rejoint l’équipe du ministère des affaires étrangères en charge du tourisme, auprès de Laurent FABIUS, afin de développer le potentiel du tourisme français à l’international. Doté d’une vision stratégique, il participe à la mission globale de valorisation des compétences et de l’attractivité française.

Né à Pau, avec beaucoup d’attaches au Pays Basque, Michel DURRIEU a souhaité rejoindre le territoire de la Nouvelle-Aquitaine, une région aux marques territoriales fortes, y compris à l’international.

La France à l’international

Sa principale mission au sein du CRT consiste à rapprocher les acteurs du secteur privé et institutionnel afin d’élaboration une stratégie commune, et la mettre en oeuvre en temps réel, en mesurant l’impact des actions, tout en contribuant à la structuration de l’offre touristique française au regard de cette stratégie. D’ici à 2020, sont attendus plus de cent millions de touristes étrangers, avec un potentiel de plus de cent milliards de revenus…

La LGV fait notamment partie des outils contribuant à cet essor, une impulsion à perpétuer avec notamment le développement du Digital et de plateformes média pour mettre en avant le territoire, ses grandes marques, et rapatrier les flux vers les sites marchands de destination. La communication sur les réseaux sociaux permet en outre une remontée “terrain” multilingue non négligeable.

La France reste en effet la première destination mondiale au regard du nombre de touristes accueillis annuellement. Une dynamique dont la Région Nouvelle-Aquitaine souhaite tirer parti, avec de nombreux investissements. L’objectif étant de parvenir à 32 millions de touristes à l’horizon 2020. Un impact en termes de revenus, aux alentours de 16 milliards, mais également d’emplois, avec une projection de 140 000 emplois également à l’horizon 2020.

Si la LGV contribue à désenclaver Bordeaux et les villes alentours, elle doit en outre permettre de développer par ricochet le tourisme à l’intérieur des terres. Une volonté régionale accompagnée par une politique d’investissement liée aux infrastructures (capacité d’hébergement, transport…). Enfin, selon Michel DURRIEU, cette expansion doit porter les valeurs du tourisme durable, être respectueux des environnements et des populations.

La mise en service de la LGV a concentré tous les fantasmes de déploiement économique. Un an après, la dynamique ne peut être niée. Favorisant de prime abord l’impulsion touristique, elle concentre également un mouvement entrepreneurial d’origine parisienne initié il y a quelques années déjà, dont on devrait ressentir un peu plus les effets à la rentrée 2018.

L’attractivité renforcée symboliquement fait écho aux multiples installations de structures nationales. Un focus porté qui existe grâce à l’action conjointe de tous les acteurs du territoire afin de faire de la Région Nouvelle Aquitaine, non seulement une grande Région, mais la Région française la plus dynamique.

La thématique des transports met en exergue une “nécessaire transversalité”, et une “stratégie commune”, comme le relève R. LAGRAVE. Les objectifs sont désormais, sur un maillage plus précis, “d’adapter l’offre de transport aux besoins de mobilité », de « développer les services pour faciliter et optimiser la mobilité », de « mailler le territoire par un réseau d’infrastructures renouvelé, développé et performant », de « consolider une vision stratégique et adapter la gouvernance » et enfin de «diffuser les mobilités de demain pour réussir la transition écologique ».

Cette vision s’inscrit enfin dans une mutation économique et sociale dont les effets sont encore à découvrir, avec en filigrane pour Bordeaux Métropole les ambitions d’Objectif 2050 : près de 50 000 logements d’ores et déjà construits, une LGV qui draine une partie de la population professionnelle et contribue à l’installation de sièges sociaux, tel Thalès, et, corrélativement, une réflexion globale amorcée sur les infrastructures routières, et notamment de fret, qui subissent quelque peu cette déferlante, à l’horizon d’un Grand Bordeaux de deux millions d’habitants, un changement d’échelle porteur d’autant d’espoir que de craintes pour le bien-vivre à la bordelaise.

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